Les années 50

Dans les années 50 où l'heure est à la reconstruction, on vit dans la joie retrouvée. L'heure est encore aux restrictions mais dans le domaine de la culture, il n'y a pas la moindre limite à la création. Dans la chanson, c'et le temps des premiers succès de Jacques Brel, Georges Brassens, Guy Béart et Gilbert Bécaud.

Rock'n'Roll !

Après avoir libéré Paris en 1944, les GI nous laissent le chewing-gum, les cigarettes et le Jazz. Au milieu des années 50, voilà que nous arrive de l'autre côté de l'Atlantique un rythme qui touche immédiatement une poignée de jeunes. Ils dansent ainsi le rock and roll au rythme de "Rock Around The Clock" de Bill Haley. Certains se moquent, à commencer par Boris Vian et son ami Henri Salvador, qui enregistre en 1957, sous le pseudonyme d'Henri Cording, des rocks parodiques.

L'arrivée du microsillon

En 1952, l'arrivée du microsillon constitue une révolution dans le monde du disque. Le 78 tours de papa est remplacé par le super 45 tours, quatre titres, puis le 33 tours, huit titres. Un chef d'orchestre, Edouard Ruault, connu sous le nom d'Eddie Barclay, devient l'empereur du genre. Il découvre un grand nombre des vedettes des années 60 qui enregistrent, dans des studios, trois ou quatre super 45 tours par an, vendus neuf francs pièce, et qui se vendent bien souvent à des milliers d'exemplaires.

Les débuts de Johnny

L'une des premières vedettes de cette époque, mais aussi la plus grande, s'appelle Johnny Hallyday. Cet habitué du Golf Drouot à Paris n'a pas 17 ans quand il apparaît pour la première fois à la télévision. Quelques mois plus tard, il déchaîne les passions sur la scène de l'Alambra, un music-hall parisien où il se produit en première partie de Raymond Devos.

Salut Les Copains

Sur l'antenne d'Europe n°1, Lucien Morrise, directeur artistique de la station, a pourtant cassé en direct à l'antenne le premier 45 tours de la future idole des jeunes. Il ne croyait pas en son succès. Il va faire amende honorable et se rattraper très largement en imaginant ce qui va devenir l'émission la plus suivie par ce qu'on appelle la génération du baby-boom. Il confie à Daniel Filipacchi, un photographe passionné de jazz, un rendez-vous qui s'intitule Salut les Copains. SLC est tout d'abord un rendez-vous hebdomadaire radiophonique de 30 minutes. Le succès est immédiat et en septembre 1959, Daniel Philipacchi l'aventure du quotidien. C'est ainsi que pendant sept ans, les jeunes se précipitent sur le transistor familial pour retrouver leurs vedettes préférées.

Des médias pour les jeunes

Salut les copains est l'un des symboles de ces années yéyé au même titre que cet électrophone portable, le Teppaz, qui permet aux jeunes d'écouter les succès du hit-parade, de Sylvie Vartan, Sheila ou Claude François, le jeudi, jour de congé à l'école, mais aussi le dimanche après-midi, dans les surprises-parties, dans les appartements délaissées par les parents que certains appellent les croulants. Ils ont désormais leurs émissions à commencer par Age tendre et tête de bois, ou Bonne Nuit les petits pour les plus jeunes, et leurs magazines, en particulier Salut les Copains qu'entre eux ils appellent "leur bouquin".

Twist & Madison

Epris de liberté, les adolescents des années yéyé n'ont rien à voir avec les bandes qu'on appelle blousons noirs. Ils sont toujours bien habillés, bien coiffés et mènent une vie de famille très classique. L'été, ils partent 3 semaines en vacances et le soir, ils dansent et flirtent au rythme du twist, du madison, du letkiss ou du hully gully.

Génération Yéyé

Le 22 juin 1963, au grand étonnement des forces de l'ordre, deux cent mille jeunes se retrouvent pour un spectacle gratuit, place de la Nation à Paris, à l'occasion du premier anniversaire du magazine Salut les copains. A l'exception de Johnny Hallyday, aucune idole ne va pouvoir atteindre le podium. Il y a trop de monde et la sécurité n'est pas garantie. Quelques jours plus tard, dans une chronique publiée dans Le Monde, le sociologue Edgar Morin baptise ces jeunes "les yé-yé". Il ignore alors que cette expression va entrer dans l'histoire.

Les dimanches à Orly

Les français découvrent les voyages et pas seulement en regardant sur le petit écran des retransmissions en mondovision, ou en se rendant le dimanche à Orly comme le chante Gilbert Bécaud, pour voir sur la terrasse les avions décoller. On rêve aussi d'une conquête de la Lune, rendue possible depuis que le russe Youri Gagarine est devenu le premier cosmonaute à accomplir le tour de la Terre. Parmi les préoccupations des français, il y a également l'automobile. Ils sont de plus en plus nombreux à posséder une voiture choisie dans des gammes très différentes et des pris assortis. De leur côté les jeunes se déplacent en Velosolex, comme Janique Aimée dans le feuilleton télé, voire en Vespa.

Bouquet de stars

Les français s'évadent aussi au cinéma en faisant un triomphe à des films aussi différents que West Side Story, la guerre des boutons, le gendarme de Saint-Tropez… Parmi les stars préférées du public, il y a Alain Delon, Jean Gabin, Brigitte Bardot, Jeanne Moreau…

Minijupes et porte-clés

La mode se porte bien. Si Dior, Chanel, Lanvin sont toujours là, Yves Saint Laurent fait une entrée très remarquée dans la haute couture. De son côté, André Courrèges, sa minijupe et ses bottes blanches offrent à la femme une élégance et une liberté de mouvement. Sur les plages, le monokini commence à faire son chemin, même s'il provoque parfois des scandales. La France connaît aussi des phénomènes de mode, dont les enfants et les adolescents sont les bénéficiaires. Tout les monde possède un scoubidou et collectionne des porte-clés aux formes et dessins très variés

Vive l'insouciance

L'heure est à l'optimisme ! L'insouciance est de rigueur, y compris pour celles et ceux qui veulent oublier une guerre d'Algérie, cause de biens de drames familiaux. S'il y a bien une chose dont on ne parle jamais et que l'on ne connait pas, c'est bien le chômage.

Les Hippies arrivent

Le pays s'ennuie. Dans les universités et en particulier à Nanterre, où l'on a fait construire une faculté théoriquement plus performante que la Sorbonne, les conversations des jeunes ne tournent plus autour du dernier concert de Johnny Hallyday et les débats vont bien au-delà d'une préférence pour le twist ou le rock. On parle plutôt des problèmes du monde, comme la guerre au Vietnam, mais aussi d'une réforme de l'enseignement que beaucoup de jeunes jugent indispensable. Enfin, on s'interroge sur l'avenir de ce mouvement né à San Francisco en 1967, et qui touche aujourd'hui l'Angleterre, l'Allemagne et la France. Il rassemble des jeunes qu'on appelle Hippies.