Les années yéyé

Les années yé-yé

 

Les années soixante ont vu l'émergence du rock français et des yé-yé. De folles années.

" Il est assez significatif de constater que, par un curieux clin d'oeil de l'histoire, le tout premier disque de la future " idole des jeunes " est sorti des presses le 14 mars 1960, soit neuf jours après le retour d'Elvis Presley à la vie civile ", constate Marc Robine dans son livre Il était une fois la chanson française (1). Un raz de marée qui balaie de plein fouet la profession. C'est un véritable travail d'abattage auquel se livrent les maisons de disques en engageant à tour de bras des jeunes " artistes " et en les faisant enregistrer à en perdre le souffle. Johnny n'échappera pas à ce travail à la chaîne en enregistrant pas moins d'une dizaine de 45-tours rien que pour l'année 1961. Mais si Johnny Halliday surfait sur la crête de la déferlante du rock français, le mouvement yé-yé a pour sa part été tout aussi bien exploité par les maisons du disque. Entre 1962 et 1966, Richard Anthony arrivera à " enregistrer jusqu'à douze super-45-tours dans la même année ", selon Marc Robine.

C'est en 1952 que la vague " yé-yé " a commencé. C'était une conjugaison de médias d'un journal et d'une émission qui s'appelait Salut les copains. Une sorte de mouvement orchestré et qui avait aussi des raisons économiques. Les maisons de disques étaient les acteurs principaux de ce phénomène. C'était pour elles l'occasion de se faire un maximum d'argent. Et parce que les années soixante ont vu les enfants issus du baby-boom être les premiers à disposer d'un véritable pouvoir d'achat, le mouvement va accompagner le développement du cinéma, de la télévision et de la radio. La musique, pour sa part, donne naissance à la famille des managers et des fan-clubs. Pour la première fois, artistes et public sont de la même génération.

Il y a eu évidemment Johnny Halliday. C'était un peu le chef de file. À l'Alhambra, à l'époque, il se faisait siffler. Pensez donc : un môme qui se roulait par terre. Mais il n'y a pas que Johnny : Sylvie Vartan, Claude François, dit " Clo-Clo ", dont les chansons continuent de bercer des illusions, Sheila avec ses copains, Daniel Gérard et son chapeau toujours vissé sur la tête, Eddy Mitchel avec ses Chaussettes noires, Dick Rivers et ses Chats sauvages… Vers le milieu des années soixante, les critiques des intellectuels ainsi que de certains journalistes spécialisés vont finir par rejoindre celles d'une génération en rébellion contre cette musique-là. Ce sera la naissance de stars complètement différentes, de la trempe de Michel Polnareff, Jacques Dutronc, Nino Ferrer, Serge Gainsbourg Claude Nougaro… Des deux côtés, la liste serait longue si on devait énumérer tous ceux qui ont pris part à ce déchaînement de passions.

Tout passe par la radio. Marc Robine évoque dans son livre " la naissance d'un phénomène nouveau : le matraquage ". Car certains titres passaient en boucle sur les ondes d'une même station. " Des émissions comme Salut les copains de Daniel Filipachi et Frank Ténot, ou plus tard Dans l'vent, animé par Hubert, se spécialisent dans le rock et le yé-yé à l'exclusion de toute autre forme de musique ", écrit Marc Robine.

Ceux qui écrivaient des chansons à texte n'ont pas pu continuer parce qu'ils n'avaient plus d'emploi. À l'inverse, toujours les mêmes paroles dans les chansons, et la propagation d'une production de masse américaine dont on a adapté les tubes à qui mieux mieux. Tout est bon déjà pour gagner du fric. C'était ça, la vague yé-yé. Elle a duré sept à huit ans, mais elle a fait du mal à tous ceux qui écrivaient des chansons dignes de ce nom. Les modes, comme aurait dit Trénet, sont faites pour se démoder, et c'est ce qui est arrivé. Des acteurs de cette nébuleuse, il en reste quelques-uns. Mais beaucoup ont disparu.



10/05/2010
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